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le forgeron de thalheim

quoi ces courses fréquentes à la Ravine, chez le bûcheron ?

— Pourquoi ? Parce que Jean était l’ami de mon père, que je suis le sien, parce qu’il partage mes idées et que, avec lui, je peux causer de choses qu’on ne répète pas volontiers en public. Quant à Georgette, c’est une brave fille que j’aime franchement, comme tu le fais pour moi. Mais elle ne sera jamais ma femme.

Au revoir, mère ! Le soleil est beau, le ciel clair : je vais dire bonjour à Jean et reviendrai bientôt.

Robert, après avoir prononcé ces derniers mots, quitta le logis et prit effectivement le sentier qui menait chez Jean Schweizerl.


Il n’était vraiment pas mal, le forgeron de Thalheim. Une fine moustache brune dessinait nettement les contours de sa bouche ; son nez droit, mince, sa joue colorée, son front large qu’ombrageait une chevelure noire, sa marche assurée, peut-être un peu trop militaire, une taille au-dessus de la moyenne, bien râble, des membres aux attaches d’acier, justifiaient pleinement l’orgueil de la veuve Feller ; plus d’une jeune fille eût été heureuse