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LE FORGERON DE THALHEIM

pas Suzanne sans éprouver pour elle l’amour que lui ressentait si vivement pour la fille de Joseph Teppen. Nos provinces ne leur suffisent donc plus ?

Et une lueur de rage passa dans ses yeux ; puis, il oublia de nouveau cette mauvaise impression et continua sa route en songeant au bonheur de vivre toute une vie à côté de sa chère Suzanne.

Bientôt il atteignit la lisière du bois, plein d’ombre et de fraîcheur. Robert ne fut pas grandement surpris de voir Jean Schweizerl venir à sa rencontre. C’était l’heure où il était attendu.

Le bûcheron, comme nous l’avons dit, frisait la soixantaine. Sa taille, un peu voûtée déjà, avait perdu de sa vigueur ; il était usé par le travail incessant et par la misère, qui ne l’avait pas toujours épargné. Pas de chance non plus. Les quelques sous qu’il gagnait suffisaient à peine à l’entretien du ménage ; il n’avait en propre que la maisonnette, un pré, le jardin devant la chaumière, et une vache, la Rouge, dont Georgette prenait soin lorsque le père était dans les forêts. Trois enfants lui avaient été enlevés en bas