Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

40
LE FORGERON DE THALHEIM

parlons plus de ce sujet. N’est-ce pas, tu auras bientôt vingt-huit ans, l’âge de s’établir ? N’as-tu jamais songé au mariage ?

— Non, franchement ! J’ai ma mère : elle m’entoure de soins, me gâte, c’est le mot. Mon linge est toujours blanc, notre table simplement, mais proprement servie. Que pourrais-je encore désirer ?

— Eh ! l’amour d’une jeune femme, comptes-tu cela pour rien ? La joie d’être père, de suivre, autour de soi, les ébats d’une nichée d’enfants aux joues roses. J’ai vécu ces bonheurs-là ; malgré ma misère, je les revivrais bien encore ; voilà pourquoi je te les souhaite.

— Je vous crois.

— Ah ! je ne m’explique pas les frayeurs que j’éprouve ! Mais, depuis quelques semaines, tout se brise en moi. Oui, Robert, je me fais vieux.

— Vous avez Georgette.

— Eh ! oui, mais c’est elle précisément qui m’inquiète.

— La raison ?

— La raison ? Il m’en demande la raison ! Et si elle allait se marier ?