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le forgeron de thalheim

Il ne m’a pas ainsi parlé de toi, parce que je ne voudrais pas qu’on me dît du mal du fils de mon meilleur ami. Mais, sois raisonnable, encore une fois. Je ne puis rien changer à ce qui est fait ; comme toi, j’ai attendu, eh ! mon Dieu ! pourquoi hésiterais-je à l’avouer ? j’attends et j’espère toujours un autre avenir ; mais je commence à me fatiguer et je me tais, et je veux, dans le recueillement, attendre et espérer, sans, pour cela, vouloir empêcher les autres de vivre. Voilà ma main ! Elle ne sera jamais lâche : je subis seulement la dure loi de la nécessité. Des milliers pensent cela, ce que je viens de t’exprimer. On ignore souvent ce que souffre l’homme qui se tait !

— D’accord ! Je suis également de cet avis. Mais laissez-moi vous dire, cependant, que je ne renoncerai jamais à mes sympathies, à mes convictions, pour une question de plus ou de moins. A l’occasion, je saurais mourir pour elles.

Jean Schweizerl ne répondit pas aussitôt, mais il serra furtivement la main de son jeune ami ; puis, il reprit :

— Tu es jeune, et moi je suis vieux : ne