Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

42
LE FORGERON DE THALHEIM

Celle-ci, en effet, respirait cette santé forte et presque virile qu’on trouve dans les bois, sous le dôme des hêtres feuillus. Si Suzanne Teppen possédait cette grâce naïve particulière aux blondes, Georgette rayonnait, pour ainsi dire, de cette beauté fière qui est l’apanage des brunes.

Cependant, devant la jeune fille, Robert ne rougissait ni ne pâlissait ; il ne tremblait même point.

— Ils ne s’aiment pas ! redisait tout doucement Jean Schweizerl, son regard, attristé par cette découverte, allant de l’un à l’autre. Quel beau couple, pourtant !

Une heure après, Robert quittait la Ravine.

Le soleil fuyait, fuyait vers le couchant, du côté de la France, là-bas, bien loin, derrière les collines bleuâtres de l’horizon. Un ciel pur s’étendait sur l’immense plaine qui était plongée dans un profond silence. Sur les hauteurs vosgiennes, au fond de l’Alsace, flottaient des brumes légères qu’estompaient les roses lueurs crépusculaires. La route, également, restait silencieuse. Des panaches de fumée s’élevaient au-dessus des toits de Thal-