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le forgeron de thalheim

heim, cette fumée si bleue des soirs d’été qui va se mêler à l’azur des cieux, disparaître dans les espaces éthérés. Sur le pas des portes ou assises sur des troncs d’arbres devant les maisons, les femmes âgées parlaient du bon vieux temps ; les hommes, en gilet et en manches de chemise, menaient les bestiaux aux abreuvoirs ; quelques jeunes filles, les joues animées et la lèvre babillarde, riaient dans les jardins, auprès des rosiers en fleurs ; par-ci par-là, une oie barbotait dans la vase ; des poules, en regagnant le perchoir, caquetaient lentement ; de temps à autre, un chien de ferme, dans les environs, aboyait ; et, rapidement, un gendarme, serré dans son uniforme, le fusil en bandoulière, la culotte blanche, passait, la pointe de son casque étincelant aux derniers rayons du soleil.

J’ai vu ce spectacle, et mon cœur, malgré moi, était triste, dans cette blonde Alsace jadis si joyeuse.