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LE FORGERON DE THALHEIM

III


Nous avons dit plus haut que Robert sortait rarement pendant les six jours de la semaine consacrés au travail, à moins que le calme du soir ne l’invitât à faire une courte promenade du côté de la tuilerie. Non pas que le fils de la veuve refusât de prendre un verre de vin à l’auberge de la Demi-Lune, chez Gaspard Tonder, non, pas cela, car, pour être un bon forgeron, il faut savoir aussi, à l’occasion, rendre honneur à Bacchus. De plus, Robert, comme tout Alsacien, professait un vrai respect pour les crûs dorés du pays natal. Mais, en brave ouvrier qu’il était, il eût regretté le temps perdu, n’ignorant pas qu’un verre en amène un autre, une parole une deuxième, et qu’ainsi, de fil en aiguille, on passe des après-midi entières, les coudes sur la table et la langue en branle. Et puis, il aimait trop profondément sa mère pour lui causer le moindre chagrin, car, aux yeux de