Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

46
LE FORGERON DE THALHEIM

vait pour Suzanne ne lui laissait plus aucune minute de repos. Il pensait toujours à la blonde jeune fille, et parfois il lui semblait entrevoir, dans le flamboiement de sa forge, un doux visage souriant et un regard bleu.

Comme l’ouvrage augmentait sans cesse, il avait pris un ouvrier de passage, Thomas Fleury, un bon enfant du Jura bernois qui faisait son « tour de France » dans les provinces annexées. Avec Thomas, une vie nouvelle entra dans la forge. Il devint le compagnon, l’ami de Robert.

Toutefois, pour ne pas trop fatiguer la ménagère, le forgeron avait décidé que l’ouvrier prendrait son logis et son entretien ailleurs que chez eux. Mais, quand il eut apprécié l’excellence de cette simple nature, il revint de sa décision volontiers, sa mère lui ayant déclaré que ce surcroît de soins ne l’effrayait pas et qu’elle s’en chargerait avec plaisir, puisque son fils, par là, aurait quelqu’un pour le distraire. Ainsi dit, ainsi fait.

Depuis qu’il aimait Suzanne Teppen, Robert — pourquoi ne l’écririons-nous pas ? — se rendait presque chaque dimanche à l’office du matin. L’église de Thalheim, construite sous le second Empire, est située au sommet