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LE FORGERON DE THALHEIM

Otto Stramm avait suivi, avec le maire Victor Helbing, et par politesse on lui réserva la première place au bout de la table. Pas loin de lui, Robert Feller, son ouvrier et quelques garçons, sur lesquels, à l’occasion, il pouvait compter, car bien que très peu communicatif et vivant d’une vie isolée, Robert n’en était pas moins aimé de plusieurs : on admirait sa conduite envers sa mère et, tout bas, on se disait qu’il pensait aussi à la France. Quand ce mot effleurait certaines lèvres, comme un frisson, presque imperceptible, les agitait. Souvenir que les années n’effacent pas et qui s’impriment profondément dans les cœurs, aux pays annexés !

La conversation devint générale pendant que Gaspard servait tout le monde, chacun selon ses goûts ; à celui-ci l’absinthe opaline, à celui-là le bitter ferrugineux, à un troisième un vermouth frelaté. Robert avait demandé le petit vin d’Alsace, pour lui et deux ou trois de ses amis, sans oublier Thomas. Jean Schweizerl s’en était déjà retourné avec sa fille.

— Eh bien, disait Otto Stramm à l’aubergiste, avez-vous reçu l’autorisation de danser le jour de la fête de Thalheim, à la Kilbe ?