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LE FORGERON DE THALHEIM

apercevoir les fleurs du jardin, dont les émanations embaumaient l’air de la chambre, et les fruits du verger qui, sous l’influence bienfaisante du soleil, revêtaient déjà ces nuances brunes et dorées qu’on aime tant à voir. Puis, plus loin, la grande route où passaient, de temps à autre, un piéton fatigué ou un habitant de Thalheim, et, enfin, l’horizon bleuâtre où le ciel et la ligne capricieuse des Vosges confondent leurs teintes azurées.

Robert était encore plus triste, plus silencieux que d’habitude. L’altercation qu’il avait eue avec le forestier ne laissait pas que de l’inquiéter. Sa mère allait peut-être-en souffrir. N’avait-il pas traité les vainqueurs d’assassins ? Et cependant, à bien considérer ce fatal événement, l’autorité était dans son droit. La loi du plus fort est toujours dure pour le faible, mais le sage s’y soumet et attend. Il ne savait pas attendre, lui, Robert ! Il est vrai qu’il avait une autre raison bien puissante pour justifier sa violence. Otto Stramm, lui aussi, avait subi le charme, du moins il le paraissait, de la captivante beauté de Suzanne Teppen. A elle la palme, avait-il dit. Que signifiait cet enthousiasme, sinon l’éveil d’une passion, le commencement d’un