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le forgeron de thalheim

amour que le forgeron redoutait ? Et Robert, à cette pensée qu’Otto Stramm pouvait aimer la fille du tuilier et être aimé d’elle, Robert se désolait, et, qu’il le voulût ou non, il sentait comme un mal de mort torturer son pauvre cœur. Il souffrait donc, et sa réponse au forestier, malgré lui, avait trahi sa jalousie naissante.

La mère s’en aperçut aussitôt. Décidément son garçon n’était plus le même. Ce caractère se transformait. Jadis si gai et si ouvert, il était trop morose, trop taciturne pour ne pas lui cacher quelque chose. A quoi fallait-il attribuer ces symptômes qu’elle observait depuis deux ou trois mois ? A l’amour ? Mais Robert lui-même avait avoué, quelques jours auparavant, qu’il ne songeait pas à Georgette. En aimerait-il une autre ? Impossible, puisqu’il ne fréquentait, pour ainsi dire, que le bûcheron Jean Schweizerl. Mais, alors, quelle pouvait donc être la cause de cet état inquiétant ? La veuve ne lui connaissait que des raisons de prendre la vie comme elle se présentait.

Seraient-ce peut-être ses sympathies pour la nationalité perdue qui le tourmentaient ainsi ? Eh simple femme qu’elle était, la mère