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LE FORGERON DE THALHEIM

les lignes, pour la simple raison qu’elle ignorait beaucoup des choses de la vie et des passions humaines. Néanmoins, ses sens, à la longue, s’éveillaient ; sa nature, avide d’émotions douces, commençait à affirmer ses besoins. Elle ne s’expliquait pas encore ses impressions, mais peu à peu la lumière entrait dans son esprit, tout tranquillement, sans brusques révélations. Robert n’y était pour rien ; c’est le bûcheron qui, à son insu, opérait ce changement en causant du monde et des hommes avec son enfant.

Jean Schweizerl était un père heureux, si l’on ne prend en considération que son affection pour Georgette. Son enfant était comme il l’avait voulue ! Beaucoup de pères ne peuvent en dire autant.

Aussi, comme les années, depuis la naissance de la gamine, s’étaient enfuies rapidement ! Il n’y songeait pas sans tristesse, à ce temps qui n’était plus et dont il avait compté les secondes aux sourires de Georgette. Quand, seul dans les forêts, il se reposait et laissait reposer sa bonne hache, il aimait, comme cela, tout en cassant une croûte de pain bis, repasser, dans son esprit, toutes ses joies paternelles, toutes les ten-