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LE FORGERON DE THALHEIM


I


En suivant la grande route blanche qui déroule son ruban à travers la vaste plaine de la haute Alsace, on aperçoit, sur la gauche, enserré de trois côtés par les dernières ramifications des collines jurassiennes qui viennent se terminer en forêts de hêtres, près de la voie publique, un petit village coquettement égaré sous un fouillis d’arbres fruitiers de la plus belle croissance. C’est Thalheim, dont le nom harmonieux dans la langue de Schiller a été oublié par tous les géographes qui se sont occupés de ce charmant coin de pays. Un ruisseau traverse en murmurant la localité. Sur les bords poussent follement des touffes de saules dont les feuilles argentées s’inclinent sur les ondes claires, quelquefois écumantes, quand les torrents des hivers y déversent leurs eaux troubles et violentées. Une délicieuse fraîcheur s’épand, en été, sous