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LE FORGERON DE THALHEIM

pen, quoique homme résolu, avait senti une peur subite l’envahir à l’imminence du danger qui menaçait son enfant. Dans une seconde d’oubli, les rênes lui étaient échappées des mains et le cheval, vraiment effrayé, ne subissant plus l’action du frein, galopait sauvagement à droite et à gauche. Une des roues de devant s’était déjà brisée contre un gros tronc d’arbre qu’on avait laissé sur l’un des côtés de la route.

Robert, tremblant légèrement, attendait, immobile. Son cœur avait, pour ainsi-dire, cessé de battre. L’instant était des plus critiques, car, environ vingt pas plus loin que la forge, le chemin faisait un coude brusque, et il était à craindre que la voiture, violemment entraînée, n’allât dévaler le haut talus, à droite, au bas duquel se trouvait une mare profonde et bourbeuse. La vie des deux personnes ne tenait donc plus qu’à un fil, et si Robert ne réussissait pas à arrêter l’animal furieux, Teppen et sa fille risquaient bien de ne plus rentrer sains et saufs à la maison.

Thomas était venu se placer près de son maître ; mais celui-ci lui ordonna de ne pas faire un mouvement : le cheval, s’il les eût