Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/100

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un crépuscule clair, qui baignait la terre, un brouillard, montant de la vallée luttait avec la clarté. Une étoile surgit du mystère de l’inconnu, éclairant la patrie de tous ces pauvres morts.

Des pèlerins attardés achevaient le chemin de la croix ; leurs formes effacées se mouvaient confusément, montant, montant toujours, gravissant le Calvaire où le grand Christ sanglant étend ses bras protecteurs, étalant sa plaie cruciale d’où coule le pardon depuis vingt siècles. Ils allaient à la suite d’une aube blanche. Une voix, sur un mode grave, murmurait des prières auxquelles répondaient les voix de la foule, lentes ou brèves, comme des échos attardés.

Puis les dévots disparurent un à un, on n’entendit plus que le silence, la respiration des choses inanimées… un souffle chaud venu de la terre grasse, comme l’haleine des morts et, sur les tertres noirs, les tombes toutes blanches apparurent comme un ciboire d’hosties renversées…

Requiescant in pace !