Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/103

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lis virginal, à une étoile, à une madone. Il m’a dit que mon front de seize ans faisait pâlir mon bouquet de roses. Voyons encore ces motos qu’il m’a glissés furtivement dans la main. Un pâle rayon matinal offre sa complicité pour verser dans ce cœur ingénu le philtre mensonger. Et la petite aspire comme du Musset des poésies ampoulées dans le genre de celles ci :

À la douceur de vous charmer,
Nous blâmez-vous d’oser prétendre.
Si c’est un tort de vous aimer,
C’est un crime de s’en défendre.

À ce regard, où brille la gaité.
On vous prendrait pour l’amabilité.

Avec les papiers frangés de rouge et de vert, qui enveloppent les bonbons et les billets amoureux, monsieur Paul m’a fait une grosse rose, que j’ai échangée pour une fleur de mon bouquet. Mais avant, il a frôlé le papier de ses lèvres. Si je recueillais ce baiser qu’il y a déposé — le mal ne serait pas grand. Bien sûr, il l’a mis là exprès pour que je l’y aille chercher…

Tout en monologuant, je ne sais par quel hasard, la mignonne enfant résistait toujours, il se trouva que la fleur de papier vint se coller à sa lèvre.

Elle cacha sa tête sous l’oreiller, où le sommeil vint la chercher. Pauvre petite, tu pleureras, je le sais, en attendant l’infidèle ; ton cœur palpitera à chaque coup de sonnette… Mais va, n’emplis pas ton cœur de haine. Cet homme n’est pas méchant : il est seulement de son époque. Ces compliments que tu as pris au sérieux, il les débite depuis cinq ans dans tous les bals, et il n’a pas fini.

Vois le soleil, ce grand flirt, il fait épanouir les fleurs, puis il disparaît. Le colibri chiffonne les collerettes des