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LES MOUSTACHES



JE ne l’aime plus ! fit la pauvre petite, en éclatant en sanglots.

— Allons, ma belle mignonne, calme-toi : la vie est faite de lumière et d’ombre. Une brouille d’amoureux c’est une querelle d’oiseaux au printemps ; on se lutine on s’agace on se cherche en se poursuivant jusque dans les bosquets, où le caquetage s’éteint dans un doux murmure… Tout cela passera, comme ces brumes matinales qui fuient devant l’aube.

— Non, jamais je ne me consolerai, car vois tu c’est trop horrible, c’est criminel… Mon Paul si gentil, si beau avec ses grands yeux pleins de caresse et le sourire tendrement railleur de ses lèvres minces, qu’il abritait derrière une moustache parfumée, fièrement retroussée… Mon pauvre Paul… dire que c’est fini !…

— Il est mort !… m’écriai-je en tressautant.

— Pis que ça ! Il s’est fait couper la moustache !…

Je restai un moment désappointée, ne sachant plus