Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/20

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d’un sourire printanier. Plaine vide et nue, la lumière du jour, plus désolée que l’ombre de la nuit, ne se lève sur elle que pour éclairer l’horreur d’un champ maudit où la France sanglante, mais non vaincue, nous soupira un long adieu.

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Ô tricolore, je t’aime parce que le monde naquit le jour où tu claquas dans l’air ton premier baiser d’amour ! Le tricolore, c’est un cœur qui bat dans l’espace, il range sous son égide toutes les âmes ardentes assoiffées de générosités, d’idéalisme et de glorieuses utopies. C’est le phare lumineux qui guide la marche des hommes à leurs éternelles destinées, par les sentiers de l’honneur et de la science… Que vient-on nous parler d’un autre drapeau que le tricolore, quand ce fut lui que nos cœurs d’enfants acclamèrent aux jours de nos fêtes nationales !… Dans ses plis rayonnants flotte tout un passé de gloire, les fières traditions de la mère-patrie, dont le hoc signo vinces s’écrit ainsi : Liberté, égalité, fraternité. Chaque année quelque énergumène surgit de nos rangs pour crier : « Il nous faut un drapeau ! » comme si nous n’en avions pas un. Celui-là rêve d’un étendard blanc avec l’image du Sacré-Cœur. Mais le patriotisme n’a pas de religion ; il faut que tous puissent s’incliner devant le drapeau, il ne devra donc être la bannière d’aucune secte. D’autres le voudraient bleu et rouge avec une fleur de lys… Mais que nous dit la fleur de lys, à nous, qui sommes essentiellement démocrates, attendu que la noblesse ici se recrute chez les hommes de talent et de cœur. Nous n’honorons la particule que lorsqu’elle précède ces imposantes épithètes… Certains opinent en faveur de constellations de feuilles d’érable entre-