Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/206

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venirs d’antan ! fleurs desséchées qui s’effeuillent sous leurs doigts tremblants !

Parfois quelque grosse farce du bon vieux temps leur arrache un éclat de rire, rauque comme les sons brisés d’une crécelle : c’est un charivari couru au deuxième voisin, quelque tour joué à des jeunes mariés de leurs amis, etc. Et le vieux, qui est resté taquin, se plaît à faire rager sa compagne.

— Tu n’as pas oublié, au moins, le baiser que tu m’avais volé ?

— Oh ! le vilain, c’est toi qui m’avais poursuivie jusqu’au fond du verger ! La preuve que je ne voulais pas, c’est qu’en me débattant j’avais tout déchiré mon fichu si joli.

— Oui, oui, on connaît ça !… tu faisais semblant ! Mais tu n’avais pas froid aux yeux.

— Oh !

La pauvre vieille se dépite pour prouver son innocence, et le vieux toussote, toussote, toussote, étouffant de contentement, fier de son succès ; il a réussi à la faire fâcher.

C’est leur dernière étape, qui sait ? la mort viendra les prendre là !

Deux bambins sont en contemplation devant l’étalage d’un pâtissier et dévorent des yeux toutes ces friandises appétissantes.

— Tu ne sais pas, fait l’aîné, à peine âgé de sept ans, à quoi j’ai rêvé la nuit dernière ?

— Non.

— Tiens, j’étais à une petite table comme celle-là et je mangeais de ces belles choses avec du sucre dessus et de