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bleu — blanc — rouge

de noir, correctement ganté, le personnage porte un chapeau haut de forme.

— Qu’il est bien !… murmure l’enfant. Vais-je les faire enrager un peu, car j’ai le plus beau cavalier !

— Vite, partons, la danse est commencée.

— Allons ! ça ne languira pas. Tant mieux, pense-t-elle. Et grand’mère ?

— Personne ne va la manger, je suppose. Laissez-la dormir. Nous la retrouverons à notre retour !

La porte s’ouvrit d’elle-même devant le couple étroitement enlacé. Une nouvelle rafale les porta jusque chez les Gibaud. Quand ils parurent dans la salle où l’on dansait, un souffle embrasé frappa les invités au front. Tous s’écartèrent instinctivement des nouveaux arrivés qui laissaient comme une traînée de vapeur rouge derrière eux. Le cavalier noir et sa blonde prirent place dans un quadrille que l’on était en train de former.

Un invité des Gibaud m’a affirmé que jamais on n’avait vu pareil danseur sauter avec une verve aussi endiablée, quoi ! Et des valses, et des quadrilles, et des cotillons, encore des cotillons, et des masurques, des polkas, des galopades… « Grâce ! soupirait la pauvre fillette, je n’en puis plus. »

— Ah ! tu as voulu danser, eh bien ! dansons ma belle…

Et l’étreinte de fer encerclant sa taille se resserre comme un étau. Les cris de douleur de la jeune fille se perdent dans les grincements du violon. Ah ! ciel… les gants se déchirent, les ongles hideux s’enfoncent dans la chair vive, en même temps deux petites cornes se sont fait jour dans le chapeau haut de forme. « Le diable ! Le diable. »

Minuit !…