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RÉMINISCENCES



1er  Janvier


Triste est ma solitude ainsi qu’un cimetière,
Mon pauvre cœur est lourd de ses crêpes de deuil.
Là, dorment à jamais dans l’oubli du cercueil
Les tendresses d’antan, sourdes à ma prière.

Là, reposent en paix sous leur blanc mausolée,
Les espoirs nouveaux-nés, le rêve décevant,
La folle illusion au mirage mouvant
Que regrette toujours mon âme désolée.

À l’aurore de l’An, ma visite première
Est pour ces morts aimés, ossements et débris
Que recouvre des ans le sombre voile gris,
Et seule ma pensée erre en ce cimetière.

Le souffle d’une fleur s’exhale de la tombe,
Les pleurs qui lentement ruissellent de mes yeux
Éveillent par milliers les anciens jours heureux
Caressant mon ennui comme un vol de colombe.

C’est une âpre jouissance, un bien amer plaisir,
D’évoquer le passé, d’en remuer la cendre,
Pour exhumer ces morts, au froid caveau descendre,
Les faire s’animer au feu du souvenir.