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bleu — blanc — rouge

brouille tombèrent dans le seau d’eau sale, placé sur la tablette en dessous de l’escabeau.

L’homme a tort et la femme, raison. C’est évident. La vie n’est pas une aquarelle : un ciel toujours pur, une rivière qui semble dormir, un gazon proprement lavé, où de grandes traînées lumineuses tombent de la paix des montagnes bleues. Un philosophe devrait accepter l’existence avec sa double face blanche et noire, chanter la symphonie en gris, avant l’alleluia pascal. Mais, il faut aussi prendre en pitié le pauvre compagnon de votre vie, il revient le soir si fatigué quand les chiffres, tout le jour, ont dansé devant ses yeux rougis ; si ennuyé, quand des clients l’ont tenu des heures durant à écouter leurs balivernes et leurs doléances mensongères, si écœuré de cette boue d’agiotage, de duperie et de mesquinerie qui s’attache à ses pieds et les alourdit. Il doit trouver, comme antidote, l’intimité facile et douce du foyer ; cette pénétration continue, qui de deux êtres n’en font qu’un, ce sourire affectueux, qui console de tout, même de vivre.

Craignons que s’il ne le trouve chez lui, il aille le demander ailleurs. Une soirée hors du foyer, peut jeter un homme bon, sensible, mais faible, dans l’engrenage du vice ; quand un doigt est pris, tout le corps y passe !

Comment donc concilier ces deux choses qui semblent incompatibles, ordre et propreté ? En observant la morale du rat de Lafontaine :

Patience et longueur de temps,
Font plus que force ni que rage…

L’entretien hebdomadaire de vos tapis et de vos meubles ; l’ordre minutieux de chaque jour vaut mieux que de laissez amonceler la poussière.