BOUCHERVILLE
LLES sont bien les sœurs d’une même famille les coquettes petites villes de Boucherville, de Varennes,
de Contrecœur, de Sorel, qui se tiennent par la main,
sourient, font mille grâces agaçantes au beau fleuve dont
les caprices du flot mouvant ondulent ainsi que les plis
éclatants d’une écharpe transparente. Il semble que dans
le poudroiement d’or du soleil les jolies nymphes vont se
mettre à danser en nous jetant des baisers. « Venez,
murmurent-elles, vous qui souffrez du tracas des villes,
de la promiscuité des foules. J’ouvre mes bras de verdure
pour que vous y posiez votre front fiévreux. Avez vous
des chagrins, des désillusions, votre âme dans un moment
d’agonie a-t-elle soupiré après le grand repos ? Venez,
l’onde qui chante sur mes graviers est le Léthé, il endormira
votre mélancolie, bercera vos tendres espoirs et charriera
vers la mer de l’oubli vos rancœurs, vos soucis,
vos soupçons jaloux. Baignez vous dans son flot cristallin
et vos blessures se fermeront, vos membres vieillis retrou-