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la terre ancestrale

plissait à présent l’ouvrage des hommes. Il fallait à ses muscles de femme, pour exécuter une pareille tâche, l’aiguillon de son grand courage, de son immense dévouement. Tout cela, parce que l’espoir de la famille, le continuateur de la race, préférait, mener joyeuse vie, parce qu’il avait déserté son devoir pour ce qu’il croyait être le plaisir.

— Dors-tu, Adèle ? cria le père de son siège.

— Non, père.

— Je craignais que tu ne fusses tombée ; je ne t’entendais pas.

— Soyez sans crainte, je suis bien installée.

— Tu ne chantes pas, tu es trop fatiguée ?

— Non, mais je n’ai rien en mémoire ; et il ne fait pas assez chaud.

— Enfonce-toi dans la charge : tu y seras plus chaudement. Mais prends patience, nous arrivons.

Sur le chemin raboteux, la charrette en craquant, cahota encore quelques minutes, puis arriva sur le sommet de la côte. Le cheval, s’arc-boutant dans son avaloire et, des quatre pieds, patinant dans la glaise, conduisit lentement la voiture jusqu’aux bâtisses. Peu d’instants après, les sabots ferrés de la bête résonnèrent sur le pavé de bois de l’aire. La moisson était terminée.

— Bon, ma petite, déclara le père, nous ne décharge-