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la terre ancestrale

n’était pas chaude. Après avoir entrebâillé la porte pour laisser pénétrer la chaleur d’en bas, il se recoucha en étendant son paletot sur lui. Se trouvant dans une position avantageuse pour inspecter la pièce, il en commença l’examen : D’abord le lit, une couchette de fer émaillé ; seulement, il ne restait d’émail que juste pour prouver sa présence antérieure. Le drap était gris, les couvertures grises et les oreillers de coutil bleu. C’était la première fois qu’il voyait des oreillers d’une autre couleur que le blanc. Aux murs de crépi, pendaient quelques lambeaux de papier-tenture. Le plâtre du plafond, fumé ici, détaché ailleurs, laissait en partie voir le lattage à nu. À la fenêtre : rien ; non, le givre adhérant aux vitres. Près de cette ouverture, une petite table sans couleur, supportait un bassin de tôle. Dans deux coins, des bouteilles vides, couchées et debout. Pendant son inspection, il entendit sous sa couche, un bruit qui le fit sursauter. Croyant à une niche de quelque farceur caché là-dessous, il se leva d’un bond. Il aperçut alors deux énormes rats qui se disputaient une savate et détalèrent à sa vue. Il les avait d’abord pris pour des chats.

« Si je puis commencer à gagner, songea-t-il, je ne moisirai pas dans cette maison. Au prix que je paie, il doit y avoir moyen de se loger plus proprement. Comment se fait-il que Delphis, dans la ville depuis si longtemps, ne