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La littérature de l’époque

de La Quotidienne sont ce que le journalisme canadien d’alors a produit de plus spirituel. Berthelot plus tard devait amplifier ce genre et le pousser jusqu’à la grosse farce. Ce bouffe de notre littérature procédait de Lemaître, mais le journal qui semble la continuation de La Quotidienne, c’est Le Nationaliste, celui des beaux jours, avant que les Castors vinrent opposer un barrage à la verve de Fournier et d’Asselin.

Voici quelques « on dit » de La Quotidienne, en date de décembre 1837 :

— On dit que le jour de Noël, vers quatre heures du matin, trois vieilles femmes ont été arrêtées à la porte de la ville, au bout du faubourg Québec. Elles venaient pour la messe du point du jour, armées de leurs chapelets et de leurs livres de prières. Elles furent détenues assez longtemps pour perdre la messe, à leur grand regret. Elles persistent à dire qu’elles n’avaient aucune intention de prendre la ville. Nous devons les croire sur parole.

— On dit, on a dit, ou l’on voulait dire, que l’on avait fait une écurie de l’église Saint-Charles. Si ce n’est pas vrai, il faut toujours que ceux qui y sont entrés eurent des pieds de cheval, puisqu’on voit encore les marques de leurs crampons.

— On dit qu’il est dangereux, de faire application pour la Populaire, quand un certain valet du diable, espèce de monstre à face de licorne, se trouve à ce bureau. Un petit garçon qui avait été envoyé par son souscripteur pour chercher ce journal, eut tant peur de ce narval, qu’il n’y voudrait pas retourner quand même on lui donnerait dix piastres. Vous direz que c’est Cher… riez si vous voulez.

— On dit que M. McKenzie est monté sur ses grands chevaux. (M. McKenzie était un des chefs révolutionnaires du Haut-Canada). S’il tombe et que ce soit sur le Bas-Canada, il pourrait écraser beaucoup de monde sous son poids que l’on dit énorme.

— On dit que les gazettes anglaises de ce pays s’abreuvent journellement d’outrages aux Canadiens-français. Cela ressemble fort aux préjugés Nationaux.