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Page:Côté - Papineau, son influence sur la pensée canadienne, 1924.djvu/117

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Papineau

succès si prochain ; nos publications étaient un bon oreiller sur lequel notre conscience s’endormait paisible dans l’avenir. »

« Les carabins n’eurent pas plutôt envahi notre atelier que nous fûmes entouré d’une triple rangée de baïonnettes et de fusils dirigés sur nous et nous en fûmes tellement pressé que le fer nous piquait de toutes parts. Non contents de se porter à cette cruauté, ils l’accompagnèrent de propos les plus insultants. Indigné de tant d’outrages, nous écartâmes les baïonnettes du premier rang et à ce moment elles s’agitèrent prodigieusement ; plusieurs crièrent : " Il résiste, il faut l’attacher ! " Là-dessus, deux individus qui avaient l’air d’agir comme officiers nous mirent sur la poitrine leurs pistolets bandés. Au même instant, un de ces individus nous asséna du canon, ou du manche d’une arme à feu, un si rude coup sur la lèvre inférieure qu’il nous y fit une large plaie. Ce brave put se retirer impunément et aller, à l’instar de tant d’autres, afficher cet acte de courage comme un titre à sa faveur. »

« En ce moment, nous étions en pantoufles et tout couvert de notre sang. On ne nous permit pas même de mettre nos bottes, et c’est dans ce triste état, qu’au cœur de l’hiver, par un froid excessif, nous fûmes conduit sous escorte par cette troupe au corps de garde où nous restâmes vingt-quatre heures privé de tout avant d’être consigné à la geôle. Nous devons à la justice de dire qu’une fois sorti des mains des volontaires, nous fûmes traité par les militaires, sinon avec tous les égards dus à un prisonnier politique, du moins sans grossièreté. »

« Huit ou dix carabins furent laissés dans nos départements pour avoir soin, disait-on, de nos effets. Ils ne se gênaient point de mettre tout à contribution, sans se mettre en peine si tout cela nous serait restitué un jour. Le lendemain, notre presse et tout le matériel de notre imprimerie furent enlevés et transportés dans les voûtes du palais de justice où ils sont encore. »

Et l’on prétend que les Teutons ont le monopole de la cruauté et de la brutalité ! Monsieur Chapais qui soutient que nous étions comme des coqs en pâte au commencement du régime anglais !… Les vainqueurs on le voit, avaient beaucoup de