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Page:Côté - Papineau, son influence sur la pensée canadienne, 1924.djvu/142

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L’Institut Canadien

pour faire crouler un solide édifice.

M. Dessaulles, président de l’Institut, crâna, dédaigneux des excommunications et des anathèmes, et réclama, pour l’Institut comme pour les individus, la liberté de pensée et d’expression. Il considéra comme non avenue la condamnation qui le frappait d’interdiction et avec la violence d’un Ariel se mit à la tête des révoltés. Les séances de l’Institut continuèrent, aussi brillantes que par le passé. Les Canadiens dissidents furent remplacés par des Anglais. Sans servilité, avec un sentiment de la mesure qui leur était une particularité, les Canadiens-français adoptèrent les vues de leurs nouveaux amis, quand elles concordaient avec le bien de tous. Leur présence ne les empêchaient pas d’exprimer des opinions contraires, seulement ils mettaient une sourdine à leur voix pour ne pas réveiller de légitimes susceptibilités de race ou de religion. C’étaient des discussions libres, où chacun apportait ses idées et son érudition, pour le profit de tous.

Les Anglais montaient à la tribune à leur tour et on applaudissait la forme souvent originale de leurs discours ; celui du pasteur protestant, le rév. John Cordner, mérite d’être cité pour les idées d’actualité qu’il expose avec humour. On y remarquera une fine allusion à l’intolérance dont l’Institut venait d’être victime :

« L’empire chinois a voulu se séquestrer du monde extérieur par une immense muraille. Telle que le Chinois la comprend, l’idée de la beauté le conduit à une compression douloureuse du pied à l’aide d’un sabot mécanique. La méthode chinoise a-t-elle la sanction de notre jugement, ou se recommande-t-elle d’elle-même à notre pratique ? Non. Alors, variant le procédé, allons-nous comprimer la tête au lieu du pied, ou élever une barrière infranchissable autour de notre nationalité ou de notre croyance religieuse particulière ?

« Nous pouvons tirer le meilleur parti possible de notre position pour effrayer les faibles et mettre un voile sur les yeux de ceux qui ne sont qu’à demi aveugles. Mais les hommes forts, les hommes clairvoyants, découvriront votre but et au