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Papineau

les schismatiques et les sorciers. Ses adversaires diront : « Il faut bien qu’elle soit fausse, puisqu’elle est si cruelle », et ses amis diront : « Il faut bien qu’elle soit divine, puisqu’elle se soutient malgré ses cruautés ».

Quand le droit à la libre-pensée et à la libre expression de pensée, religieuse, politique et scientifique, est aussi généralement proclamé qu’il l’est par les lois, les mœurs et la pratique des jours actuels, il ne peut être perdu. Les gens sensés ne devront plus le décrier.

D’autres actes parlementaires contre le Canada ont été des actes de rigueurs, à la suite de troubles qui auraient été prévenus par une minime portion des concessions tardives qui leur ont été faites trop tard. Le mérite de ces concessions est mince et a peu de prix, parce qu’elles ne furent faites qu’après des exécutions qui furent des meurtres.

L’acte actuel a été imposé à des provinces qui étaient paisibles, où il n’y avait plus dans le moment d’animosités de races, ni d’animosités religieuses à calmer. Là où personne n’était coupable, tous sont punis, puisqu’ils subissent une loi sur laquelle ils n’ont pas été consultés. Voilà le grief commun. Mais le grief exceptionnel, et le plus flétrissant entre toutes les autres misères et dégradations de l’état colonial, dans le passé et dans le présent, c’est le sort fait, par les meneurs canadiens en premier lieu, et par le parlement impérial en second lieu, à la Nouvelle-Écosse.

Le peuple de la Nouvelle-Écosse, représenté par le plus habile, et, quant à sa province, le plus irréprochable des hommes publics, en possession de la pleine confiance de ses concitoyens justement acquise, et de l’estime des hommes les plus éminents du parlement anglais dans tous les partis, est devant eux. Il les supplie d’écouter les prières et les vœux d’un peuple qu’ils doivent aimer, pour ses habitudes paisibles à l’intérieur, pour son attachement ininterrompu à la métropole, pour sa déférence constante à ses conseils, et il les assure que l’expression de répulsion contre les mesures préparées par des intrigues en Canada est l’expression vraie des sentiments de la