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Papineau

Ce soir du 7 novembre, 1837, Les Fils de la Liberté étaient tous réunis à l’hôtel Bonacina, rue Saint-Jacques. L’assemblée était particulièrement houleuse. Soudain, un des membres, placé en sentinelle à une fenêtre, aperçut des constitutionnels qui les épiaient avec l’intention évidente de leur faire un mauvais parti. Il s’empressa de donner l’alarme à l’assistance qui crut plus sage de devancer l’attaque en prenant eux-mêmes l’offensive. Le temps de le dire, les patriotes s’étaient précipités dans la cour de l’hôtel, et à défaut de balles faisaient pleuvoir une grêle de cailloux sur les écornifleurs. Un coup de feu parti inopinément, on ne sait de quel clan, fut le signal du combat entre patriotes et constitutionnels. Un autre coup de feu, aussi accidentel, alla loger une balle dans la poche d’habit d’un Anglais, ce qui acheva de gâter les choses. Deux citoyens anglais, ralliés au parti national, M. Brown et M. Hoofstetter, furent particulièrement maltraités dans la bagarre.

Les Fils de la Liberté après avoir chassé les espions, mis en belle humeur guerrière, s’en furent briser les carreaux de la maison du Dr. Robertson, un bureaucrate reconnu, et les vitres d’un magasin, propriété d’un M. Bradley, quand les membres du Doric Club, une association de loyalistes, avertis des dangers que couraient les loyaux, se portèrent à leur secours. Les patriotes croyant que leurs adversaires étaient plus nombreux et mieux armés, détalèrent prudemment, en passant par la rue Saint-Laurent. Mais arrivés à la rue Dorchester, les fuyards furent rejoints par les bureaucrates, et une bagarre sanglante s’en suivit. Les Doric, naturellement, eurent le dessus et dispersèrent leurs agresseurs. Les vainqueurs à leur tour firent des randonnées dans la ville. En passant près de la maison où d’habitude, les patriotes se réunissaient, ils décidèrent d’un commun accord de s’emparer des armes qui s’y trouvaient. Ils se rendirent chez M. Papineau et prirent sa demeure d’assaut. Ils auraient même porté la main sur le chef révolutionnaire, sans le secours des soldats du roi qui vinrent le tirer de cette impasse. C’était la deuxième fois, que l’on attentait à ses jours et, saccageait sa maison. Après cet exploit, les Doric allèrent