On ne voulait pas d’écoles libres, ni d’universités, les institutions étaient entièrement livrées à la langue étrangère. Une censure aussi ombrageuse que mal intentionnée surveillait toute pensée, toute parole ; l’administration de la justice était aux mains des concussionnaires et des criminels échappés des prisons de Londres. Des juges canadiens-français apostats avaient renié leur idiôme maternel et rendaient leurs verdicts dans un dialecte incompris, et dès lors, terrifiant et abhorré. Les mœurs et les coutumes du pays étaient violemment déracinées quand les souvenirs du passé restaient encore chers aux populations insultées et persécutées. La gent militaire semblait toujours aux aguets. Les menaces et les châtiments étaient suspendus sur les têtes ; en un mot, nul repos, nulle part, et la misère partout. Toutes les paroisses du bas du fleuve étaient affamées.
Des cris de détresse commençaient à se faire entendre. Le Canadien, du 25 janvier 1837, sollicite des aumônes « pour empêcher de mourir, pas moins de douze cents de nos frères. » Le même journal, en 1834, se moquait du régime anglais.
« Quel est l’état de la province ? » se demande d’autre par The Gazette, et elle répond : « Une population rapidement croissante en richesse et en intelligence. »
— « Grand sujet d’étonnement sans doute qu’on permette à nos femmes d’avoir des enfants ou qu’on n’oblige pas les mères à les jeter dans le Saint-Laurent après leur naissance, comme on fit jadis en Égypte pour le peuple hébreux.
« Mais l’Irlande aussi est renommée pour l’accroissement de sa population.
« Dira-t-on que c’est dû à l’excellence de son gouvernement ?
— « Nous croissons aussi « en richesses ! » — Attribuer cela au gouvernement dans un pays comme le nôtre, c’est tirer un éloge de ce qu’il ne défend pas à notre jeunesse industrieuse de convertir nos antiques forêts en champs de blé. C’est ce qui se voit en Russie.
« Quant à l’accroissement de l’intelligence en ce pays, il