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Conclusion

Papineau était persuadé qu’en désintéressant l’État des questions religieuses et en mettant celles-ci à l’abri des ingérences du gouvernement, il ferait beaucoup pour la paix du pays, et qu’afin d’amener les différentes confessions à ne pas troubler l’ordre établi, il fallait donner à toutes une somme égale de libertés. Prévoir, c’est régner. On n’en a pas jugé ainsi.

S’il arrivait, à l’encontre de nos prévisions et de nos espérances, que nous soyons en minorité dans Québec, nous aurions à craindre de terribles réactions dans l’avenir, si nous ne traitons les autres comme nous aimerions à être traités, nous implorerons à genoux les libertés que nous refusons aujourd’hui.

Craignons l’immigration outrancière. Il faut d’abord que nous y trouvions notre profit, avant celui des magnats de la haute finance et des gros industriels. Devons-nous ouvrir nos portes indifféremment à tout le monde, aux désœuvrés, aux spéculateurs, aux vagabonds parmi lesquels se recrutent les voleurs de grands chemins, les bandits à main armée, qui tiennent notre pays sous la terreur ? Nous ne sommes pas contre l’infusion du sang étranger, mais nous devrions tenir loin de nous ceux qui ne parleront jamais notre langage, que nous adoptions volontiers, mais qui ne nous adoptent jamais ; ceux qui se refusent à suivre nos traditions, à unifier leurs intérêts avec ceux du pays. Mais dès qu’ils ont pris racine chez nous, il faut désarmer. Les opinions doivent cesser de se proscrire. Les défenseurs de la paix des âmes ont mauvaise grâce à susciter des querelles de race et de religion. La patrie et la religion doivent être bienveillantes pour ceux qui ont cessé d’être des étrangers. Afin que tous fassent assaut d’émulation, afin de bien servir le pays, sachons leur créer une atmosphère respirable…

Le protestantisme a bien inspiré la politique anglaise quand, au nom du précepte « Aime ton prochain comme toi-même », il accueillit en frères errants, les parias de partout. Aujourd’hui, ils sont tous assimilés à la nation anglaise. Nous n’avons pas à nous féliciter d’avoir réveillé le préjugé antisémite. La conséquence, c’est que nous avons détourné de