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Page:Côté - Papineau, son influence sur la pensée canadienne, 1924.djvu/30

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Attitude du Clergé

Milnes, lord Hobart, l’évêque anglican de Québec, le procureur-général Sewell et Mgr Plessis.

Nous ne pouvons parler de la révolution de 37 et des hommes remarquables de ce temps sans rendre un juste tribut d’hommages à ce prélat éminent et dont M. David nous a fait un portrait touchant :

« Il fut aussi bon canadien-français que bon évêque. Les concessions religieuses qu’on lui fit afin de lui arracher des concessions politiques le trouvèrent ferme et inébranlable sous le drapeau des Bédard et des Papineau », conclut l’historien de la révolution de 37. Nous savons que Mgr Plessis écrivit au chef révolutionnaire une lettre dans laquelle il le félicite de son attitude courageuse et de son dévouement à la cause publique. Il ne faut pas laisser subsister la légende que le clergé soit resté passif dans les événements où se décidait notre avenir national. L’évêque de Québec a épuisé toutes les ressources de sa diplomatie, sans obtenir pour son Église les prérogatives qu’il réclamait. Les moyens de conciliation ayant échoué il ne restait plus que la contrainte pour amener les maîtres du pays à bonne composition. Mgr Plessis eut raison de faire cause commune avec Papineau. Nous citerons des documents officiels pour montrer quelle triste situation était faite à l’Église en ces jours difficiles. Le primat de l’Église d’Angleterre écrivit au lieutenant-gouverneur Milnes pour se plaindre de Mgr Plessis, après la publication de sa brochure où il donnait à l’évêque le titre de sérénissime et de révérendissime. Le prédicant en mangeant le miel avait été sensible à la piqûre de la guêpe :

« Sa Majesté a semblé avoir l’intention d’accorder à ses sujets de l’Église romaine une tolérance du libre exercice de leur religion, mais sans les pouvoirs et privilèges comme Église établie, car c’est une préférence que Sa Majesté a jugé n’appartenir qu’à l’Église d’Angleterre seule. » Se réservant sa juste suprématie, il a plu à Sa Majesté de « défendre sous peines très rigoureuses tout recours à une correspondance avec un pouvoir ecclésiastique étranger de telle nature ou sorte que ce soit ;