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Attitude du Clergé

devront être refusés. S’il les accepte la suprématie du roi est reconnue. » Il discute le droit de nomination aux curés. Il se demande aussi si la couronne n’a pas droit de propriété dans les biens communément appelés « biens du séminaire de Montréal ». Il regrette que ces questions soient demeurées si longtemps sans être réglées et qu’on ait semblé tolérer une espèce de possession, qui, vu sa longue durée peut être difficile à déranger, quoique les Sulpiciens n’aient pas de titres valides sur les biens du séminaire. Dalhousie demande à Bathurst de ne pas donner au nouvel évêque siège au conseil. Il n’a pas de doute sur la loyauté de feu l’évêque ou sur celle de ses successeurs, mais Mgr  Plessis était depuis un an le chef actif et le défenseur du parti qui sous Papineau a tant troublé l’harmonie et la législation et fait tant de mal.

Son successeur peut ne pas jouer un rôle semblable, mais l’influence de l’évêque catholique romain est si grande qu’elle annihile la liberté de parole et de conduite essentielles dans la constitution du parlement. (Archives du Canada 1897.)

Dalhousie, en décembre 1827, envoie un rapport détaillé des causes qui ont amené la brusque dissolution de la législature : « La conduite violente de l’assemblée était, croit-il, délibérément résolue, un bateau ayant été nolisé pour porter à Québec la masse du parti de Papineau. » Il regrette que le clergé paroissial romain ait joint son influence au parti populaire dont le principal acteur est le vicaire apostolique, M. Lartigue.

Il est établi que, non seulement le clergé adhéra au parti de Papineau, mais qu’il en fut l’âme dirigeante. Il employa son influence à propager les idées révolutionnaires, ce dont la postérité devra lui être reconnaissante. D’où vient que les organes du parti nationaliste se montrent si hostiles à Papineau qui épousa les griefs de l’Église et unifia sa cause avec la sienne ?

Si Papineau n’avait pas compté sur ces puissants alliés, qui sait s’il se serait lancé aussi imprudemment dans cette aventure ?

S’il n’avait pas eu ce saint personnage dans sa barque, il est peu probable qu’il l’eut lancée au large.