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Page:Côté - Papineau, son influence sur la pensée canadienne, 1924.djvu/33

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Papineau

Malheureusement, le saint prélat descendit dans la tombe avant la consommation du grand acte de justice qui devait donner à son Église plus qu’il n’avait espéré.

C’est de Papineau que l’Église devait tenir ces libertés qui lui sont si chères, puisque avant la révolution les évêques étaient les vassaux du roi d’Angleterre.

Rien n’illustre mieux le caractère de Mgr Plessis en même temps qu’elle peint la figure du procureur général Sewell que la conversation qui eut lieu entre l’évêque de Québec et l’officier du gouvernement, relatée par ce dernier dans un rapport adressé à sir Robert Milnes. C’est le politicien rompu aux roueries de son métier qui joue ici le rôle de Cauchon le tortionnaire. Il est digne, compassé et manie flegmatiquement l’ironie.

Ses raisonnements sont froids et directs comme un glaive et l’on s’étonne que Mgr Plessis, un simple fils de forgeron, par la seule force d’une conscience honnête et d’une intelligence subtile, ait pu échapper au double tranchant d’une argumentation serrée.

Mgr Plessis. — J’ai récemment parlé au gouverneur de l’état actuel de notre Église et il m’a renvoyé à vous à ce sujet.

Le procureur général. — Le gouvernement m’a permis de vous exprimer mes propres sentiments sur cette question : vous pouvez me demander ce que je pense et je vous répondrai franchement. Mais avant de formuler ce que j’ai à vous dire, permettez-moi d’observer que la question est de la dernière importance pour votre Église, comme elle est importante, je l’admets aussi pour le gouvernement. Il est de première nécessité pour vous d’avoir les moyens de protéger votre église, qu’il a reconnue par l’Acte de Québec et de l’avoir en même temps sous son contrôle. Laissez-moi aussi remarquer qu’ayant le libre exercice de la religion romaine il devrait aussi reconnaître ses ministres, mais non pas toutefois aux dépens des droits du roi ou de l’église épiscopale. Vous ne pouvez jamais espérer et jamais obtenir quoi que ce soit qui ne soit conforme aux droits de la couronne, et le gouvernement ne peut jamais vous accorder ce qu’il refuse à l’Église d’Angleterre.