leux, plus pervers. Le digne évêque ne se laissa pas prendre à ces subtilités. S’il ne répondit pas à ces insinuations comme le Christ à Satan, lorsque l’esprit du mal faisait passer devant ses yeux tous les royaumes qu’il lui donnerait s’il consentait à l’adorer : Vade retro Satanas ! C’est que le prélat ne voulait pas par un mouvement de violence compromettre la cause qu’il défendait. Mais on sent la colère bouillonner dans ses veines et le mépris perce en ces réponses brèves et cinglantes en leur honnêteté intransigeante. L’homme de Dieu se contient pour ne pas souffleter le machiavélique personnage qui prend plaisir à torturer moralement sa victime. Cet homme était digne d’être le collaborateur de Papineau et de Bédard. Si jamais on élève un monument au chef de la révolution de 37, il serait à souhaiter que sur un bas-relief on représentât dans sa forte stature ce pasteur qui refusa de sacrifier ses brebis et son berger au loup. On peut ici citer un mot de Danton : « Montre cette tête au peuple, elle en vaut la peine. »
Rien de surprenant à ce que les Irlandais qui sympathisaient avec le mouvement insurrectionnel et les révolutionnaires aient lâché ces derniers au moment psychologique, au moment où ils avaient le plus besoin d’appui moral après une défaite qui ajournait indéfiniment leurs espérances de libération. C’était au lendemain de la bataille de Saint-Denis ; O’Connell, qui avait correspondu avec Papineau dans les termes les plus enthousiastes, pour tisonner son ardeur belliqueuse, fait soudain volte-face à son ami et désavoue la cause qu’il avait embrassée comme sienne. Il prend sa grande plume de Tolède pour faire cette déclaration dont l’inopportunité ne le cède qu’à l’incohérence. « Les amis de la liberté au Canada avaient tout en leur pouvoir et auraient pu s’assurer le succès s’ils s’y étaient mieux pris. Sans leur folie, leur méchanceté et leurs crimes, ils eussent décidément triomphé. Mais du moment que Papineau et les