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Papineau

donne tout ce dont j’ai besoin, mais l’évêque est dans la pauvreté ; il tient une cure et fait les fonctions d’un prêtre de paroisse en contradiction directe avec les canons.

Le procureur général. — Mon opinion sur ce point est complètement formée. Le gouvernement reconnaît votre religion et en faisant de ses fonctionnaires des fonctionnaires de la couronne, il devrait pourvoir à eux comme à tous les autres. L’évêque devrait avoir suffisamment pour lui permettre de vivre dans une splendeur en rapport avec son rang, et le coadjuteur recevoir des appointements en proportion.

Mgr  Plessis. — Je ne veux pas voir l’évêque vivre en splendeur, mais je veux le voir à l’abri des besoins. Je ne désire pas qu’il soit dans le conseil exécutif, mais je veux qu’en sa qualité d’ecclésiastique seulement il ait le droit au rang qui lui est dû dans la société.

Le procureur général. — « Quand j’ai dit splendeur », je voulais dire « convenable à son rang ». J’entends par là que son revenu devrait être celui d’un gentilhomme. De fait, il n’y a rien de tel comme splendeur en Canada.

Mgr  Plessis. — Nous entendons la même chose. Mais cette question est très délicate. Si l’évêque touchait une pension et qu’il abandonnât le droit de nommer les curés, le public n’hésiterait pas à dire qu’il a vendu son Église…

Le procureur général. — Il est inutile d’essayer d’arrêter les clameurs du public. S’il fallait suspendre les affaires de l’État par crainte des injures populaires, le gouvernement ne pourrait faire que très peu ; les gouvernés n’approuvent que très peu. Dans l’affaire qui nous occupe, si la question est envisagée comme elle devrait l’être, le monde devra être convaincu qu’au lieu de vous désister d’un droit dont vous ne vous êtes jamais désisté, vous abandonnez l’ombre pour le vrai ; assurément ceci est une réponse suffisante à toute déclamation vulgaire contre un évêque qui fait des conditions avantageuses pour son Église, des conditions qui doivent être très satisfaisantes pour lui-même.

Mgr  Plessis. — Je ne sais pas, c’est son affaire…

Le serpent qui tenta notre mère Ève n’était pas plus caute-