CHAPITRE IV.
LES CAUSES DE LA HAINE DE PAPINEAU POUR LES ANGLAIS. — DUPLICITÉ DE LA POLITIQUE ANGLO-SAXONNE. — OPPORTUNISME NÉCESSAIRE DE L’ÉGLISE DU CANADA.
En général, les chroniqueurs n’ont guère osé remonter aux causes profondes du mouvement insurrectionnel, la plupart ont voulu faire leur cour au pouvoir établi. Ils ne connaissent pas Papineau qu’on veut faire passer pour un prestidigitateur du verbe ou pour une sorte de fakir qui aurait fait pousser instantanément cette fleur pourpre de la révolution, alors que la préparation de la terre avait été longue et ardue.
Durant vingt, trente ans, Papineau s’est promené de paroisse en paroisse pour y prêcher l’évangile de la liberté. Il était accueilli par le pasteur et ses ouailles avec un enthousiasme indescriptible. En certains endroits, on balisait les routes et l’on dressait des arcs de triomphe en feuillage, comme pour la visite de l’évêque. Quand il ne parlait pas, il écrivait. On ferait des volumes de sa correspondance qui dort on ne sait où, mais dont on craint sans doute de troubler le sommeil. Nos historiens ont été dupes de leur croyance au merveilleux. La transfiguration des masses ne s’opère pas instantanément comme celle du Christ sur le Mont Thabor. Il y a des étoiles dont les rayons mettent des milliers d’années