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Papineau

sive des hommes de 37 et de la presse canadienne-française les Anglais se mirent à trembler dans leurs bottes de soudards ivres. Comme les Saxons deviennent intelligents quand ils ont peur ! Lord Durham, sans être autorisé par son gouvernement, gracia les condamnés, mesure adroite qui n’engageait pas les autorités et mettait fin à une situation difficile dont les vainqueurs commençaient à redouter l’issue. Il n’était pas si obtus que nos historiens et connaissait assez la valeur des chiffres pour savoir que les sept-huitièmes de la population qui se trouvaient être des Canadiens-français pouvaient lutter avec avantage contre un huitième composé d’étrangers, soit 350,000 hommes contre 50,000, le jour où ils tomberaient d’accord. Il comprit qu’il y a d’autres manières de tuer son chien que de l’étrangler. Envoûté par le projet d’Union, qui commençait à prendre corps, Lord Durham se dit en son for intérieur qu’en attirant les Canadiens-français dans le traquenard de la Confédération, ils arriveraient à les étouffer, gentiment, sans violence avec un lacet de soie. Rendus à l’entente cordiale, de par la sortie de la poudre à canon, les Anglais changèrent de tactique et se mirent à nous enlacer d’une étreinte mortelle, à nous aimer au point de vouloir ne faire avec nous qu’un même corps, qu’une même chair, qu’un même esprit. Mais Papineau ne fut pas mystifié, par les trompeuses apparences, car il les avaient trop pratiquées dans ses voyages à Londres pour ne pas les connaître. Le temps ne l’avait ni refroidi ni changé, et quand tout Israël se mit à adorer le veau d’or, il refusa lui de plier le genou devant l’infâme idole. Ne souffrons pas que notre reconnaissance se trompe d’adresse, qu’elle aille aux pères de la Confédération, alors qu’elle est due à Papineau et ses collaborateurs. Le jour où nous prendrons conscience de nos obligations envers eux, notre jour de fête nationale sera celui de l’anniversaire de Papineau, dont le nom synthétise tout un passé glorieux, toute une pléiade d’hommes éclairés et généreux.

Les Frères des Écoles chrétiennes prétendent que les Canadiens-français, au commencement du siècle, se souhaitaient