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Page:Côté - Papineau, son influence sur la pensée canadienne, 1924.djvu/59

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Papineau


CHAPITRE VII.

ÉTAT DU PAYS ET DE LA SOCIÉTÉ DURANT LES ANNÉES QUI ONT PRÉCÉDÉ LA RÉVOLUTION


Le commerce et les affaires à cette époque se développèrent rapidement. La navigation absorbait toute l’attention des commissaires. Comme il n’y avait pas de chemin de fer à cette date entre Montréal et Québec, les bateaux se trouvaient les seuls moyens de transport. Montréal, par le Saint-Laurent, tenait la clef des grands lacs, et bien que Québec fût la capitale, notre ville s’affirmait déjà comme métropole. Gaspé, Rimouski s’appelaient « trois semaines en bas de Québec. » Il n’y avait pas d’exagération quand on s’y rendait en « waggine, » au train de la Grise, par des chemins impassables, à travers des forêts inextricables, obligés de faire du portage souvent. Le port d’une lettre de Gaspé à Québec était de deux shillings ; quatorze sous en plus si elle portait une enveloppe.

Montréal, qui était le Paris de la Nouvelle-France, s’étendait à peine jusqu’à la rue Sherbrooke. L’île était sillonnée en tous sens de petits ruisseaux qui partaient en cascades du Mont-Royal. Un petit cours d’eau traversait la ville en passant sur la rue Craig et s’allait jeter au Pied du Courant, en face de la prison. Sur la rue Desrivières, il y avait une source où on allait s’approvisionner d’eau fraîche, quand le porteur d’eau n’avait pas passé. Ce n’était pas le puits de Jacob, mais on y voyait de jolies femmes en toilettes claires qui échangeaient les petits potins du jour — Aujourd’hui ces racontars se greffent