qui contribuèrent à l’affinement de la race. Les couvents furent le creuset d’où ce métal qui n’était pas sans alliage se débarrassa de ses scories. On sait qu’il fut un temps où dans la Nouvelle-France, le nombre d’hommes excédait celui des femmes. Le gouvernement y suppléa d’une manière qui nous semble assez cocasse aujourd’hui ; ce devait être au temps où le marché de Corneville octroyait des servantes au plus haut enchérisseur. Plusieurs centaines de femmes arrivèrent de France au Canada et des placards annoncèrent qu’un supplément féminin, de par le plaisir de Sa Majesté très chrétienne serait mis à la disposition de ceux qui souffraient d’une disette de la côte supplémentaire…
Y’en a des brunes et des blondes
Y’en a des minces et des rondes
Y’en a pour tous les goûts…
Cette cargaison inattendue causa tout un émoi dans la colonie. En moins de quinze jours, les célibataires et les veufs avaient épuisé le ravitaillement des intendants. Ce fut une noce formidable. Le gouverneur général distribua des bœufs, des vaches, des pourceaux, des volailles, des viandes salées et quelque argent aux nouveaux époux. La procréation intensive fut à l’ordre du jour. Des pensions, qui variaient de ving-cinq livres à quarante livres, furent payés aux parents favorisés de dix ou de douze enfants. Comme le mieux n’est pas l’ennemi du bien, il se trouva des familles qui se glorifiaient d’avoir jusqu’à vingt-six enfants, chiffre fatidique, puisque le curé dont la dîme se composait du vingt-sixième minot, se mettait dans l’obligation d’élever ou de faire instruire le vingt-sixième enfant porté au baptême.
L’ardeur prolifique ainsi attisée donna les résultats que l’on sait. La population s’accrut en des proportions inouïes. Québec eut l’honneur d’être au premier échelon de production humaine. Heureusement, que s’il eut à souffrir d’exactions et de tyrannie, il n’a pas été atteint aux sources de la vie. En quelques années, il obtint une supériorité numérique sur les étrangers que le gouvernement importait dans la province, ce qui lui permit de lutter victorieusement pour le maintien de