de plusieurs meurtres commis par des maris jaloux sur la personne de leur légitime. Un nommé Dowie, entre autres, fut pendu à Montréal pour avoir assassiné sa jeune femme, en proie à ce démon de la jalousie qui semblait avoir élu domicile sur les bords du Saint-Laurent.
Combien ont été crucifiés par cette passion stupide dont on ignore la cause et qui relève de la pathologie ? Ces paysans dont la pipe ne refroidissait pas et qui passaient l’hiver à faire rôtir leurs crachats dans la bavette du poêle à fourneau finissaient par avoir l’esprit hanté de fantômes. La fumée de leur brûlot noirci d’un large cerne prenait les formes que leur prêtaient d’insatiables désirs. Ils confondaient le rêve et la réalité. Ces misérables chaumières retentissaient des éclats de scènes quotidiennes qui terrorisaient les enfants. Ils étaient jaloux de leur père, de leurs gendres, du voisin, du passant, des vagabonds, voire même du curé. Ils passaient leur temps à écouter craquer l’escalier et les poutres, à fouiller de leurs yeux phosphorescents l’ombre qui s’accumulait dans les chambres et auteur des bâtiments. Ils séjournaient des heures à la cave, où souvent on les trouvait pendus ou la tête presqu’enlevée par un coup de fusil.
Les enfants n’en menaient pas large dans les intérieurs troublés. Les veillées étaient tristes. Les amoureux s’observaient d’un bout à l’autre du salon sans oser rien se dire. Mais la puissance d’attraction qui gît dans les cœurs comme dans l’aimant des pôles, les faisaient se rapprocher à la longue. Ils avaient vu parfois le confesseur se couvrir la figure de son mouchoir, pour cacher, sans doute, la rougeur de la honte quand les aveux des pénitentes étaient trop scabreux. Ils se faisaient une sorte d’écran de leur mouchoir qu’ils tenaient chacun délicatement entre le pouce et l’index et ainsi abrités ils osaient se dire des choses tendres et peut-être risquer un baiser. Le cavalier se tenait en équilibre sur deux barreaux de sa chaise et guettait le moment de darder un regard enflammé dans les yeux de l’aimée. On tenait les jeunes filles sous séquestre et naturellement, elles rencontraient leurs amoureux dans les bois,