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Page:Côté - Papineau, son influence sur la pensée canadienne, 1924.djvu/77

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Papineau

Mais il aimait les beaux discours et quand, à la messe, il entendait son curé lancer d’une voix sonore une citation latine, il ouvrait des yeux de hublot. Il regrettait son ignorance. Il avait conscience qu’il lui manquait un sixième sens qui lui aurait donné des jouissances infinies. Il disait du ton d’un fataliste hindou :

— Je n’ai pas eu votre chance d’être éduqué, j’avais mes frères et mes sœurs à soigner. Les aînés sont les plus mal servis dans une famille, quant au niochon, c’est une autre paire de manches, on en fera un prêtre ou un homme de profession.

M. l’abbé de Calonne adressa au Canadien du 17 novembre cet extrait d’un livre : « De l’indifférence en matière de religion », page 500 :

« Ne l’oublions jamais, la religion est l’unique éducation du peuple. Sans la religion, il ne saurait rien, rien sur tout ce qu’il importe le plus à la société qu’il sache et à lui de savoir. Il ignorerait également et les devoirs de l’homme et sa destinée. Il végéterait au milieu des académies, des universités, des gymnases dans un abrutissement cent fois pire que l’état sauvage. La religion le civilise, elle nourrit le pauvre de vérités comme elle le nourrit de pain ; elle l’éclaire, elle agrandit son intelligence et le dernier des petits enfants instruits à son école, plus véritablement philosophe qu’aucun des prétendus sages qui ne reconnaissent d’autre guide que leur raison confondrait, le catéchisme à la main, cette raison altière par la sublimité de ses enseignements. Il était digne d’un philosophe matérialiste en substituant les évolutions aux instructions et en mettant entre les mains une pierre muette en place du livre où il puisait ses hautes et importantes leçons ».

À quoi le Canadien répond :

… « Une somme d’argent fut prélevée à Londres, par souscription, il y a quatre ou cinq ans, pour établir des écoles dans ce pays et un maître formé à l’école de M. Lancaster fut envoyé ici. Mais l’école déplut à des personnes d’influence dans ce pays, parce qu’on n’y montrait point de catéchisme. Les parents furent détournés d’y envoyer leurs enfants. L’école fut