iroquois. Mais en dépit de Mgr Tanguay et des autres généalogistes, gens à redouter parce que théoriciens, l’histoire et la science viennent confirmer la vérité de cette thèse. Le Père Charlevoix appelle les Canadiens-français « les Créoles du Canada », et Pierre du Calvet, dans L’Appel à la justice de l’État, 1784, raconte cet incident qui en dit long sur la manière dont les Indiens furent traités par les nouveau vainqueurs :
« Vers la fin de 1762, les Sauvages du Missillimackinac, lassés de deux années de voisinage avec les Anglais, s’affranchirent à la sauvage de l’incommodité ; c’est-à-dire qu’ils coupèrent sans façon la gorge à toute la garnison, dont le commandant ne sauva sa chevelure et sa vie que par l’humaine interposition d’un gentilhomme canadien (M. de Langlade), qui lui avait fait plus d’une fois pressentir l’exécution ; car c’est là le sort que la judicature indienne adjuge, de par devant ses tribunaux, aux usures, aux fraudes, aux déprédations, aux brigandages. Une politique instruite et juste dictait de commencer par extirper les causes, par la suppression d’un tyrannique monopole, avant de courir à la vengeance des effets, par le châtiment. Mais en appelant sur-le-champ à son épée, le général Gage crut devoir au sang versé de ses compatriotes de faire marcher un gros corps de troupe, à travers trois cents lieues, semées de rochers, de forêts, de mares, de rapides, de cataractes, de précipices, de coupe-gorge, en un mot, où une poignée de Sauvages en embuscades pouvait égorger à plaisir une armée toute entière.
« Chaque colonie fut taxée à sa mise proportionnelle de soldats. Les Canadiens avaient été, pour le grand nombre, élevés parmi les peuples, compagnons de leur jeunesse, leurs amis de tous les temps, et même leurs parents, par le mélange du sang : il était de la dernière atrocité de les mettre aux prises avec de si chers ennemis ; pour s’inscrire avec légitimité contre leur enrôlement, ils pouvaient tous d’ailleurs se réclamer des dix-huit mois, qui, à l’époque de cette expédition, venaient de leur être assignés, à Fontainebleau, pour décider et arranger leur transmigration en France. Mais le général en chef prononça différemment. Montréal et les Trois-Rivières (encore alors sous