quérants ! Voici de nouvelles inventions pour se concilier les cœurs de nouveaux sujets !
Le journal du capitaine Robert, qui était de cette expédition, et réside actuellement à Londres, fourmille de traits encore bien plus noirs ; mais je jette un voile sur toutes ces horreurs que l’Angleterre, au moins pour sa gloire, aurait bien dû venger, indépendamment des égards que méritaient les représentations du général Murray ; mais la protection décidée dont ce digne militaire honorait les Canadiens lui valut la perte de son gouvernement. Silence sur tout le reste. »
Missionnaires et ministres protestants portaient un plus grand intérêt à la vie spirituelle des sauvages qu’à leur vie matérielle. À Saint-François-du-Lac surtout, on se battait pour l’âme des indigènes. Un ancien maître d’école protestant, nommé Master, mais qui s’était fait passer pour catholique afin d’obtenir une place d’instituteur de l’évêque catholique, laissa percer son jeu et fut destitué après avoir été convaincu d’hétérodoxie. Il s’en vengea en obtenant les signatures de quelques Indiens — sous de fausses allégations — dit l’abbé Mauraud, curé de l’endroit, pour faire bâtir un temple presbytérien. Malgré l’opposition des catholiques, qui envoyèrent pétitions sur pétitions au gouverneur, l’église protestante fut érigée en cet endroit, desservie par Master lui-même.
Les Sauvages furent aussi réfractaires aux principes de la Réforme que les Canadiens. Ils ne devenaient dévots que lorsque la sagamité manquait ou que la chasse avait été mauvaise. Le plus souvent ils fuyaient notre civilisation inhumaine, qui les refoulait d’ailleurs sans cesse vers les hautes longitudes. Le chef d’une tribu iroquoise répondit à un agent du gouvernement, qui les engageait à se retirer de l’autre côté de la rivière qui porte leur nom :
« Nous sommes nés sur cette terre, nos pères y ont été enterrés, dirons-nous à leurs ossements : Levez-vous et suivez-nous sur une terre étrangère ? »
N’est-ce pas aussi beau que cette objurgation du poilu français : Debout les morts !