INTRODUCTION
C’est une pratique qui ne manque pas de sagesse que de vouloir mettre ordre à ses affaires dès l’approche de la vieillesse : le soir de la vie doit être employé à liquider ses comptes. C’est pourquoi, à l’occasion du centenaire de Papineau, nous voulons faire un examen de conscience nationale.
Dans ce coup d’œil rétrospectif sur un passé déjà aboli — bien qu’il soit si près de nous — nous voulons embrasser d’un coup d’œil l’histoire politique du siècle qui vient de s’écouler pour nous rendre compte où nous en sommes, si nous avons marché sur les traces de ces hommes de bien qui ont frayé si péniblement leur chemin dans un pays neuf, qui ont triomphé malgré l’acharnement des éléments dévoués à notre perte. On devrait faire pour la vie de l’intelligence ce que l’on fait pour la vie des intérêts : établir un bilan de notre situation politique, peser les événements qui ont hâté ou enrayé notre évolution. Nous avons à rechercher la philosophie des faits que les historiens ont enregistrés dans nos annales après les avoir mutilés pour le besoin de leur cause.
Nos chroniqueurs ont une fausse naïveté dont il faut se défier. Ils sont arrivés trop vieux dans un monde trop jeune, la plupart de leurs