mière de la solidarité des peuples. Pour ma part, ce ne sera jamais sans revendication que je me laisserai traîner d’exil en exil.
Ah ! malheur, malheur sur l’exilé !
Oui, la pensée grandit sous l’aile grise du malheur ! Oui, l’homme pleure avec délices quand sa conscience est en paix ! Oui, nous goûtons une divine vengeance à songer que tout le monde nous a fait du mal, et que nous n’avons fait de mal à personne ! Mais s’enfermer avec ses méditations, abaisser ses rideaux pour ne pas voir le jour, et rêver aussi longtemps que la nuit dure, est-ce là toute la vie ? Mon cœur bat, mes membres tressaillent, je parle 50 pour ne pas m’oublier : l’homme n’est pas fait pour vivre seul, comme le hibou et le prêtre, au milieu des tombeaux.
Ah ! malheur, malheur sur l’exilé !
Homère, Milton, sublimes aveugles ! Dante Alighieri, toi, dont les traits crispés reflètent les tortures des damnés ! Pétrarque, chantre de l’amour idéal ! Tasse, Arioste, cœurs débordants de poésie ! Cervantès, qui connus la misère ! Camoëns, qui retraças les exploits des fils de la Lusitanie ! Trop sensible Jean Jacques, artisan de ton propre malheur ! Byron, trop divin pour un Anglais ! Schiller ! et toi, Herwegh, barde enthousiaste de la libre Allemagne, grands exilés ! que vous avez souffert.
Ah ! malheur, malheur sur l’exilé !