Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/153

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mon seul bon sens. Je nie le gouvernement de Dieu, comme je nie le gouvernement des hommes, parce qu’il n’y a pas de toute-puissance capable de pétrir toutes les âmes dans un même moule, pas plus qu’il n’y a de gouvernement capable de faire passer tous les corps sous un même joug. L’autorité divine, comme l’autorité terrestre, est tout au plus un épouvantail, qui perd chaque jour de son effrayant caractère. Ni l’une ni l’autre n’ont pu faire encore que les visages, les âmes et les esprits des hommes, fussent les mêmes ; elles ont tout au plus servi à les égaliser par l’impôt, le culte et la tyrannie.

Je repousse comme nuisible la croyance en l’existence de Dieu, comme la croyance en l’utilité des gouvernements. Car, ou bien 69 l’existence de Dieu est une expression vide de sens, à peine bonne à figurer dans les poétiques méditations de Lamennais ou de Lamartine, dans les odes de Victor Hugo au large front, dans les proclamations ampoulées de Ledru-Rollin ou de Mazzini, dans les sermons du père Lacordaire, dans les élégies de Chateaubriand, dans les ukases de Bonaparte ou de Nicolas, et dans les discours désorganisateurs de M. Louis Blanc. — Ou bien c’est un prétexte pour établir sur terre des autorités beaucoup plus pesantes, beaucoup moins spirituelles et beaucoup plus tangibles que celle qui se contente de l’escabeau des nuages et de l’aspiration de l’ambroisie.

Peu m’importe qu’il y ait un ciel habité par un