Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/162

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fermement à l’imminence d’une révolution. Le soleil était radieux, la journée chaude, le pavé brûlait. Déjà il était impossible de se frayer un chemin à travers les rassemblements ; déjà s’élevaient des clameurs redoutables ; déjà des armes avaient été livrées aux ouvriers ; déjà s’était produit ce frottement des hommes si fatal aux pouvoirs prévaricateurs. Tout s’annonçait pour une grande journée.

Mais hélas !… Qui peut établir une conjecture solide sur l’instabilité des événements ? Qui posera des fondements sur le sable ? Qui peut dire aux vagues humaines : Vous irez jusque-là ? Qui découvrira ce fétu, ce grain de sable, cette ombre, ce rien, cette parole mal placée ou cet instant de silence qui décident du triomphe ou de la défaite ? Qui pourrait, une heure avant l’action, prédire à des insurgés s’ils seront accusés ou accusateurs ? Hélas ! le droit n’a rien à voir avec les sanglants hasards de la guerre ; — il y parut le 13 juin 1849.

Ne nous livrons pas à des récriminations vaines ; cette journée fut manquée ; subissons les faits accomplis. La tentative la plus spontanée, la plus significative qui eut été faite depuis février, au nom de la solidarité universelle, avorta après deux ou trois heures.

Cet échec fut-il dû à l’irrésolution des insurgés, aux énergiques mesures prises par le pouvoir, à la division du commandement, au défaut de plan chez les premiers, aux conditions contraires chez leurs adversaires ; en un mot aux événements