Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/161

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répéta. C’était en effet la première fois que, du sein d’une assemblée constituée, des hommes s’insurgeaient, au nom de la liberté d’un autre peuple, contre l’armée, contre le pouvoir, contre la majorité de leurs collègues, et n’hésitons pas à le dire, contre une nation plus touchée du souvenir de sa gloire que des affaires de ses voisins. Jamais la Convention, de sanglante mémoire, n’eût donné pareil exemple, elle qui subjuguait les peuples, sous prétexte de les affranchir, et qui refusa des secours à la Pologne, parce que Kosciusko était né gentilhomme.




Au bas de la page où sera relatée la destruction de la République romaine par la France, l’histoire, n’eût-elle qu’à enregistrer cette protestation solennelle, qu’elle pourrait déjà faire dater de juin 1849 le rapide mouvement de fusion qui entraîne les peuples les uns vers les autres.

74 Mais il y eut plus ; l’appel aux armes fut entendu. Le matin du 13 juin, cinquante représentants du peuple, les rédacteurs des journaux républicains, les membres des comités révolutionnaires, des légions entières de gardes nationaux et d’artilleurs, beaucoup d’ouvriers et quelques étudiants descendirent dans la rue. La résistance tenta de s’organiser au Conservatoire des Arts et Métiers. Le peuple s’émut, les boulevards et les quartiers d’émeute regorgèrent de foule. Jamais je ne conçus plus d’espoir, jamais je ne crus plus